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DEUXIEME LETTRE

Quoiqu'il fût fort tard, Madame, quand j'ai fermé hier au soir ma lettre, vous concevez bien qu'il m'a été impossible de dormir. J'ai passé la nuit à lire tout ce que j'ai de livres de l'Antiquité ; nous pouvons actuellement nous armer de belles citations latines & même grecques, car il ne faudra point ménager nos adversaires qui vont mettre la gloire des Chats en évidence. Il me semble qu'il est plus aisé d'avoir raison en grec en françois.

Comme nous avons suffisamment prouvé que les Chats avoient des Autels en Egypte, nous pouvons negliger de décrire un nombre de monumens antiques qui ne laissent pas lieu d'en douter. Ne citons que pour être exacts seulement, toutes les images de cette Divinité trouvées dans la table qui comprend les mysteres d'Isis ; & faisons remarquer que le Dieu Chat appellé Elurus, est representé quelquefois avec des traits humains ; mistere dont un sçavant Commentateur assure qu'il resulte qu'une Chatte est extrêmement comparable à la Lune, avec laquelle ce bestial, dit-il, a une grande convenance & conformité [1].

Mais cet assemblage de traits humains dans le Dieu Chat, a une cause metaphysique, qu'il me paroît encore plus important d'éclaircir. Je suis sûr, Madame, qu'elle vous a frappé d'abord.

Dieu Chat/Homme
Die Chat de Montfaucon
Original de Montfaucon

Vous sçavez que la vanité des hommes les fait se rapprocher, autant qu'il leur est possible, de ce qu'ils ont élevé au-dessus d'eux. Dès que les Egyptiens eurent dressé des Autels à Elurus, ils lui substituerent insensiblement quelques traits de leur ressemblance : Examinez, Madame, ce monument ; la figure a le corps d'un Homme, & la tête d'un Chat ; elle est ornée de plusieurs attributs ordinaires aux Figures Egyptiennes ; mais le plus digne d'admiration, est une couronne de lumiere que jette la tête du Dieu. Si ce ne sont pas des rayons, remarque le Pere Montfaucon [2], ils en approchent ; & si ce sont des rayons, ajoûte-t-il, cela conviendroit à ce Dieu, l'un des plus honorez de l'Egypte.

La reflexion que nous venons de faire sur les effets de l'amour propre, nous conduit à présumer que les Dames Egyptiennes sentirent à leur tour l'avantage de ressembler à la Déesse Chatte. Ce furent elles sans doute qui lui prêterent quelques traits de l'humanité, dans les statues qu'elles lui éleverent. Qu'aura-t-on à nous répondre, quand nous découvrirons le portrait de la Déesse Chatte representée en belle femme, parée d'un superbe Panache, à la maniere des Figures Egyptiennes, & tenant une espece de sceptre [3], au haut duquel est le gobelet dont nous avons déjà dévoilé l'allégorie ; ou, quand nous la ferons voir assise avec dignité dans un fauteuil ? Pourra-t-on, sans admiration, voir dans un autre monument cette belle Déesse conservant sa tête de Chatte posée sur le corps d'une femme ? Elle porte une espece de bagnolette qui lui couvre les épaules & une partie des bras, & qui laisse apercevoir une gorge ravissante. Elle a une tunique qui lui descend modestement jusqu'à la cheville du pied ; elle tient sous sa poitrine une tête d'homme bridée par le menton : Simbole manifeste de l'ascendant que les Egyptiens croyoient qu'elle avoit sur les cœurs ; & de l'autre bras elle soutient une espece d'urne, qui étoit apparemment encore un éloge mysterieux de ses charmes [4].

Chatte deesse
Déesse Chatte deboute      Déesse Chatte assise
Déesse Chatte qui porte une tête d'un homme?

De cet assemblage de graces, n'est-il pas tout simple de croire que la Déesse Chatte étoit regardée en Egypte, comme la Mere des Amours ? Toutes les beautez de Memphis se piquoient, sans doute, de lui ressembler ; & les Poëtes qui faisoient des vers à leurs louanges, avoient l'art de leur trouver les yeux aussi ronds & aussi luisans, que ceux de la Déesse. Vous concevez bien quel seroit le dépit des femmes qui ont le bon air de craindre les Chats, quand on leur prouveroit qu'il ne pourroit leur arriver de succès si flatteur, que d'être autant aimées, autant préconsiées qu'une Chatte de l'Egypte.

Ce ne sera point une idée hazardée, que d'appeller la Déesse Chatte la Mere des Amours [5] ; c'étoit Isis même que les Egyptiens adoroient sous cette forme agreable ; & Isis présidoit sur les cœurs. Les amans l'invoquoient pour acquerir le don de plaire ; ils l'attestoient sans doute, pour persuader leurs maitresses, lorsqu'ils juroient par le nombre de trente-six [6], serment le plus solemnel parmi eux, & le plus sacré.

Eclaircissons à present, c'est-à-dire, dissertons sur ce que pouvoit être le culte rendu au Dieu Chat.

Chaque divinité en Egypte avoit plusieurs Prêtres, dont l'un avoit la superiorité [7] ; & c'étoit de l'ordre de ces Prêtres que les Egyptiens élisoient leurs Rois. Il y a toute apparence que le Pontife des Chats avoit toujours le plus de droits à la Couronne. Il ne faut pas oublier, je croi, de faire sentir que ces Prêtres se baignoient deux fois par jour dans l'eau froide ; qu'ils étoient habillez de lin, attendu que la fleur de lin est de couleur bleue celeste ; disons aussi que leurs souliers étoient formez d'une certaine plante appellée Papyrus [8]. Il ne tiendroit qu'à nous de mettre ce mot en grec, & d'alleguer un prodigue au sujet de cette plante. Les Bibliens prétendoient qu'une tête formée de la plante appellée Papyrus, étoit portée tous les ans regulierement d'Egypte à Biblus dans l'espace de sept jours. Ils regardoient cette merveille comme un témoignage de la faveur de leur Dieu Osiris [9]. Il est vrai que cette fable ne viendroit que médiocrement à notre sujet ; mais du moins elle illustreroit la chaussure de nos Prêtres, & une citation de plus n'est pas à negliger. Ajoûtons encore que ces Sacrificateurs par une propreté convenable à la dignité de leur état, se rasoient le corps régulièrement de trois jours en trois jours [10].

Il est à présumer, & c'est ce me semble une remarque très-prudente à faire, que ces Prêtres dans leur ceremonies se conformoient autant qu'il leur étoit possible, au Genie & aux attributs de la Divinité à laquelle ils étoient dévouez, & qu'ainsi l'enjouement, la souplesse du corps, & les attitudes Pantomimes devoient faire la principale partie des mysteres du Dieu Chat. Si le Signor Tomasini qui remplit avec tant de graces le rôle d'Arlequin dans notre Comedie Italienne, avoit vécu du temps des anciens Egyptiens, les devots du Dieu Chat l'auroient regardé comme l'image de la Divinité. Etrange contraste de l'esprit humain ! Ce qui fait aujourd'hui le comique de la Scene, eût formé alors toute la dignité du Temple.

Mais les Chats regardez comme Divinitez, prouvent seulement la sotise des hommes, & ne sont pas plus illustrez à cet égard que les Cygognes de l'Egypte, les Rats, & le Dieu Pet [11], qui ont eu également leurs mysteres ; rien ne caracterise mieux cette rivalité, qu'une fable de Monsieur de la Mothe, intitulée les Dieux de l'Egypte. C'est une de celles qui par le fond & par la forme, a le plus d'agrément & de philosophie [12].

Laissons une religion si extravagante [13], pour établir la prééminence que les Chats ont eu dans la societé sur les autres animaux de l'Egypte. Ils y ont joui personnellement des distinctions & des privileges les plus honorables. Quand un Egyptien tuoit un Carcopiteque, qui est une sorte de singe, ou un Ichneumon, espece de Rat, lequel selon Elien détruit les Crocodiles, ou le bœuf Apis lui-même, s'il l'avoit fait de dessein prémédité, il lui en coutoit la vie ; mais la loi étoit bien plus severe à l'égard de ceux qui attentoient sur les Chats , soit de propos déliberé, ou involontairement ; ils étoient à l'instant livrez au bras seculier. Le peuple s'en emparoit, & les dechiroit avec fureur ; aussi dès qu'un Egyptien appercevoit un Chat expiré, il s'en écartoit tremblant & fondant en larmes ; il alloit annoncer cette catastrophe, protestant qu'il n'en étoit pas coupable ; & toute la Ville se remplissoit de clameurs [14]. Alors les Magistrats venoient avec ceremonie s'emparer du mort ; ils l'embaumoient avec de l'huile odoriferante, du Cedre, & plusieurs autres aromates propres à la conserver [15] ; & on le transportoit à Bubaste pour y être inhumé dans une maison sacrée.

Le traitement honorable qui leur étoit fait pendant leur vie, découvre encore mieux de quel prix ils étoient dans la société. Les Egyptiens les parfumoient & les faisoient coucher dans des lits somptueux. Ils employoient tous les secrets de la Medecine à traiter & conserver ceux qui étoient nez d'un temperament délicat ; ils donnoient de bonne heure à chaque Chatte un époux convenable, observant avec attention les rapports de goût, d'humeur & de figure [16].

Quand il arrivoit un incendie, les Chats jouoient bien un autre rôle. Ils entroient dans une fureur divine ; les Egyptiens accoutumez à cette merveille, negligeoient l'incendie, les environnoient ; & quelquefois ces Chats tutelaires s'échapoient, & sautant pardessus l'assemblée qui les entouroit, alloient se précipiter dans les flammes ; & quand ce malheur arrivoit, les Egyptiens menoient un deuil solemnel [17].

Ce deuil étoit si marqué & si sincere, que les femmes en oublioient jusqu'à leur beauté, & pour éviter la honte de paroître encore aimables dans le cours d'une tristesse si raisonnable, elles se barbouilloient le visage, & couroient par la ville échevelées, & dans un état de desolation ; elles étoient ceintes par le milieu du corps ; elles se frappoient la poitrine qu'elles laissoient découverte ; leurs plus proches parens marchoient à leur suite à demi nuds comme elles, & abandonnées à ce délire qu'entraînent toujours les grandes douleurs [18].

Qui sçait si l'exemple de cette fable ne fut pas le ressort secret qui détermina l'action genereuse de Q. Curtius ? Il y a toute apparence que son dévouement pour le salut de la patrie, en se jettant dans le gouffre, ne fut qu'une imitation de l'heroïsme des Chats de l'Egypte.

Quand un Chat mouroit de mort naturelle, toutes les personnes de sa connoissance tomboient dans la consternation ; elles portoient les marques de leur douleur jusqu'à se raser les sourcils [19]. Il y a eu peut-être tel Chat dans Memphis dont les obseques ont été plus decorées & plus celebres que celles d'Alceste & d'Ephestion. Admette [20], pour marquer toute sa douleur de la perte de cette épouse cherie, ordonna qu'on coupât les crins des chevaux qui conduisoient le char [21]. Alexandre, il est vrai, outre les crins de tous les chevaux de son empire, proscrivit encore celui des mulets, & fit tomber les crenaux des villes. Mais que sont de tels sacrifices, au prix des larmes des plus belles femmes de l'Egypte, courant en desordre par la ville, & redemandant aux Destinées un Chat dont la Parque vient de trancher les beaux jours ? Que peut-on opposer à tant de sourcils qu'il en a couté aux fronts les plus respectez de l'Egypte [22] ? Quels soins aussi ne se donnoit-on pas pour conserver le Chat d'une maison ? Quelle prévenance sur tous ses goûts ? Quelle attention à lui faire passer une vie agréable ? On a vû un Chat desobligé faire avorter les projets politiques, & semer le desordre & la rebellion. L'Egypte, sous l'un des Ptolomées, fut le théâtre de cette grande aventure ; le nom Romain y étoit alors également craint & honoré. Les Egyptiens accueilloient avec soumission tout ce qui venoit d'Italie. Il arriva qu'un Romain fit quelque insulte à un Chat, ce fut même sans nul dessein ; cependant tout le peuple s'arma pour en tirer vengeance : ni la presence des Magistrats, ni les menaces de Ptolomée, ne purent arrêter sa fureur ; le coupable fut massacré ; ainsi la puissance Romaine cessa d'en imposer, dès qu'elle eut pour rivale la cause d'un Chat outragé.

Ce respect des animaux influoit sur toutes les actions des Egyptiens. Ceux qui habitoient les villes, vouoient leurs enfans à ces animaux sacrez. Vous jugez bien, Madame, que ce ne pouvoit être qu'aux Chats que les gens du monde étoient vouez. Voici quelle étoit cette ceremonie. On rasoit la tête de l'enfant entierement ou à moitié, ou seulement la troisième partie ; ensuite les cheveux étoient pesez dans une balance, avec une quantité d'or ou d'argent proportionnée ; & quand la pesanteur du métal l'emportoit, cette offrande étoit remise à la personne qui veilloit sur le Chat auquel l'enfant venoit d'être voué : elle en achettoit du poisson, & du pain qu'elle mêloit avec du lait pour la nourriture de l'animal respecté [23].

Cette fonction étoit extrêmement enviée ; on en étaloit les marques avec pompe ; on portoit à découvert le portrait du Chat auquel on étoit voué : cet appareil attiroit le respect des citoyens toujours prosternez devant ceux à qui la garde des animaux sacrez étoit confiée [24] ; & comme chaque Palais destiné à ces animaux, n'en contenoit que d'une seule espece, imaginez, Madame, quelle étoit la fortune d'un citoyen qui pouvoit toute sa vie se trouver pour unique devoir la satisfaction de s'occuper des Chats, & jouir ainsi de la consideration publique [25].

Cet amour des Chats chez les Egyptiens, n'a jamais paru avec plus de constance & de grandeur d'ame que dans la guerre qu'ils eurent à soutenir contre Cambyse dans la quatrième année de son regne. Ils étoient alors gouvernez par Psammenite qui venoit de succeder à Amasis.

L'ambitieux Cambyse ne pouvant s'ouvrir l'entrée de l'Egypte qu'en se rendant maître de la ville de Peluse [26] qui paroissoit imprenable, s'avisa d'un stratagême digne de sa haute politique. Sçachant que la garnison de cette place étoit composée toute d'Egyptiens, il mit à la tête de ses troupes un grand nombre de Chats ; ses capitaines & ses soldats en portoient chacun un en forme de bouclier. Ce ne fut que sous de tels chefs que son armée s'empara de Peluse. Les Egyptiens dans la crainte de confondre ces Chats avec leurs ennemis, n'oserent lancer aucuns de leurs traits, & consentirent plûtôt à recevoir un Vainqueur [27].

Voici jusques à present toutes mes découvertes, Madame ; & comme je ne me fie pas à mes seules lumieres, je vais consulter tous les Sçavans de l'Europe. Vous jugez bien que je n'épargnerai ni le temps, ni le travail. Les ouvrages qui ne sont qu'un jeu d'esprit, ne demandent que les momens de notre loisir ; mais on se sent emporté par une vraye émulation, quand on a entrepris quelque point essentiel de l'histoire.

J'ai l'honneur d'être, &c.


Notes

(1) Par ce Simbols, ajoûte Vignere, les Egyptiens vouloient entendre la Lune, avec laquelle ce bestial a une grande convenance & conformité d'habitude, soit que vous regardiez aux varietez, taches, mouchetures de sa peau, ou à sa ruse, ou qu'elle est en action plus la nuit que le jour, joint que l'on dit qu'à la premiere portée, elle fait un Chaton, à la seconde, à la tierce, trois, & ainsi consequemment jusqu'à la septième, croissant chaque fois d'un ; tellement que tout le temps de sa vie elle vient à avoir autant de Petits justement que l'on compte de jours en chaque Lunaison ; car tous ces nombres assemblez, montent à vingt-huit ; de plus l'augmentation de la prunelle de ses yeux en pleine Lune, & la diminution dans le décours, nous donnent assez à connoître combien cela s'accorde & convient avec les mutations de cet Astre. Notes sur Philostrat. chap. du Nil, pag. 37. édit. de 1625.

(2) Livre sixième des Antiquitez, onzième Tome du Suplément, planche quarante-quatrième.

(3) Ce pourroit bien être un bâton augural.

(4) Antiq. du P. Montfaucon, Liv. VI. Tom. II. XLV. planche.

(5) Pour se convaincre que les Chats peuvent avoir de vrayes relations avec les graces & la beauté, sans aller chercher des autoritez en Egypte, n'avons-nous pas à Paris une personne infiniment aimable, à laquelle on a donné le surnom de la Princesse Miaou. Je ne sçai point d'ennemie des Chats si declarée, qui ne se tint très-heureuse de lui ressembler.

(6) On ne découvre point dans Plutarque qui rapporte ce serment, par quelles raisons il étoit en usage chez les Egyptiens. Que pouvoit être le nombre de trente-six à la tendresse d'un amant ! La preference donné à ce nombre sur tous les autres, ne venoit-elle point de ce que trente-six a un plus grand nombre de diviseurs que les nombres qui le precedent, excepté celui de 24 qui lui est égal à cet égard ; mais qui lui cede pourtant en ce que 36 a un quatré, & que 24 n'en a point.

(7) Plutarch. in Isid. & Osirid.

Ces Prêtres menoient une vie extrêmement austere, l'usage du vin leur étoit interdit ; ils n'en offroient point à leurs Dieux ; ils regardoient cette liqueur comme formée du sang des Geants qui avoient fait la guerre aux Dieux, lequel ayant humecté la terre, avoit produit la vigne. Plutarq. id.

(8) Espece de Roseau, dont on faisoit le papier en Egypte ; on se servoit de ce papier dans tout le monde connu, avant l'invention du papier de chiffon. Les Rois d'Egypte étoient fort jaloux de ce Secret, & les Egyptiens faisoient seuls ce commerce.

(9) In Dea Sir. Luci.

(10) Euterp. C. 37. Herodot.

(11) Voyez le 1. tome de la seconde partie de l'Antiquité du Pere Montfaucon.

Voyez aussi les Memoires de M. de Sallengro, sur la Dissertation de M. Terrin de l'Academie d'Arles, concernant le Dieu Pet., pag. 18.

(12)

Dans l'Egypte jadis toute bête étoit Dieu ; Tant l'homme au contraire étoit bête ; Tel animal ailleurs qui n'a ni feu ni lieu, Avoit là son Temple & sa Fête. On avoit fait un jour dans le Temple du Chat, D'un Rat blanc & sans tache un pompeux sacrifice : Le lendemain c'est le tour du Dieu Rat ; Il faut pour le rendre propice Qu'à ses Autels un Chat perisse, &c.

(13) Les Dames Egyptiennes rendoient un hommage bien ridicule au Bœuf Apis : voici comment cette ceremonie est décrite par Amyot d'après Diodore de Sicile. Quand Apis est mort, les Prêtres menent premierement le Veau en la Cité du Nil, & le nourrissent par 40 jours, & après le mettent dedans une nef couverte où il y a une loge ou habitacle d'or ; le menent tout ainsi comme s'il étoit Dieu, en la Cité de Memphis, & le logent au Temple de Wulcain, & au commencement il n'y a que les femmes qui voyent le Taureau, lesquelles étant devant lui leurs robes haussées.... Le reste est trop indecent pour être ici rapporté. Trad. d'Amyot, liv. 1. p. 55.

(14) Felis ..... si quis volens vel invictus occiderit, ad mortem certissimè à multitudine concurrentium abreptus, crudelissimè interdum etiam absque Judicis sententia plectitur, &c. pag 74. édit. ann. 1604.

(15) Efferuntur autem Feles mortua ad sacra Tecta, ubi sale condite sepeliuntur in urbe Bubasti. Herod. liv. 2. c. 67.

Bubaste ancienne ville d'Egypte selon Herodote ; elle étoit située sur le bord Oriental de l'embouchure du Nil.

Le grand Prêtre Onias y fit bâtir une Forteresse. Joseph. l. 7. c. 30. de la Guerre des Juifs.

Cette Ville préferée pour être la sepulture des Chats, étoit une des plus renommées de l'Egypte. Les Fêtes qui s'y celebroient, étoient à l'honneur de Diane ; des hommes & des femmes quelquefois au nombre de soixante mille, s'embarquoient pour s'y rendre ; la navigation se passoit au son des flutes & des cymbales ; les femmes quand on étoit prêt d'aborder à Bubaste, appelloient par de grands cris les Habitantes, qui accouroient sur le rivage & se mêloient à leurs danses & à leurs concerts. Ils marchoient ainsi vers le Temple où les sacrifices se faisoient avec une extrême magnificence. Herodot. L.D. Euterp.

(16) Plutarque.

(17) Orto incendio divinum quidpiam Feles occupat ; Ægypti enim, neglecto incendio, Felibus custodiendis advigilant ; Feles verò aut subeuntes, aut saltu transgressi in ignem sese conjiciunt, quod ubi contingit, ingenti luctu afficiuntur. Herodot. livre second.

(18) Herodot. Livre second.

(19) Supercilia radunt, Herodot.

(20) Τεϑριππα τε ξευγνυδε καὶ μονάμπυκας πωλους, σερήδω τεμνετ᾽ αυχενων φόβην. Alcest. d'Euripide, édit. aldi 1505. [428-429. In the 1984 Diggle edition: τέθριππά θ’ οἳ ζεύγνυσθε καὶ μονάμπυκας πώλους, σιδήρωι τέμνετ’ αὐχένων φόβην.]

(21) Diodore de Sicile rapporte que de son temps, tel de ceux qui étoit chargé de l'entretien d'un de ces animaux sacrez, a dépensé pour ses obseques jusqu'à neuf mille marcs, p. 54.

(22) Adeo autem animis hominum ista erga animalia religio, & tam obstinendum ad venerandum ea quisque affectum gerit, ut etiam quo tempore Ptolomaus Rex à Romanis nondum amicus erat renunciatus, & plebs præ mentu huc omne studium conferebat, ut ex Italia profectos obsequio se coleret, utque nullum eis criminis aut belli ansam præberet, Fele tamen à Romano quodam interfecta populi ad ades ejus concursus facto, neque proceres ad deprecandum à Rege missi, neque communis Roma terror hominem pœna eximere voluerit, quamvis citra voluntatem facinus peregisses, id quod non auditu per capitum referimus ; sed ipsi in peregrinatione ad Ægyptum vidimus. Diod. Sicul. pag. 74.

(23) Felibus autem friatum in lacte panem cum Poppyssimo, id est emissis quibusdam vocibus, apponunt aut piscium, ex nilo segmentis eos cibant. Diod. de Sic. p. 74.

(24) Les Villes d'Egypte se cotisoient pour la dépense d'un nombre infini de Portraits des animaux consacrez qu'on distribuoit aux Citoyens. Diod. Herod.

(25) Munia verò hac non tantùm non declinavit aut pro-palam obire erubescant, sed contra ac si deos maximis honoribus affecerint & cum propriis signis urbes circumeunt, & cum procul agnoscitur quorumnam animalium curam habeant, ab omnibus flexione genuum, alioque cultu honorantur. Diod. de Sicile. p. 74

(26) Peluse s'appelloit anciennement Avaris, & auparavant Triplion selon Manethon.

(27) Polianus liv. 3. Herodote liv. 2. Diod. de Sicile liv. 1.

Et Prideaux Hist. des Juifs tom. 1. liv. 3. page 303.

François-Augustin Paradis de Moncrif (1727) Les Chats. Deuxième lettre: pp. 23-41.

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